Passion et détermination se lisent dans les yeux pétillants et le sourire indélébile d’Argeline Tan-Bouquet, vice-championne du monde de télémark 2019. Originaire de Morillon, Argeline se démarque : ambassadrice de ses montagnes qu’elle affectionne et de son sport qu’elle rêve olympique un jour. Kinésithérapeute à la ville, talon libre sur les pistes, cette femme en or gère avec brio sa double-vie, à 25 ans seulement.
Arrivée dans la vallée à l’âge de 6 ans, c’est sur les pistes du Grand Massif qu’elle a affuté ses carres. Entrée au pré-club de Morillon, elle grandit sur les pentes de la station et poursuit la compétition jusqu’aux années lycée. Son avenir de championne de ski alpin semble tout tracé. Mais voilà, arrivée en seconde et en cours de saison minime 2 «je n’avais plus le goût des courses de ski alpin ; je ne m’amusais plus » avoue-t-elle. Elle décide alors de prendre un autre virage et de goûter au télémark, par hasard. Grand bien lui en a fait, car la voilà vice-championne du monde sénior 2019 avec un très beau palmarès également à son actif en junior.
Le télémark, un hasard
« J’ai découvert le télémark lors d’une initiation vers mes 12 ans. J’ai eu la chance de partager une semaine de stage aux Houches aux côtés d’Albin Tissot, coureur en coupe du monde à l’époque et collègue de mes parents J’ai définitivement basculé à Samoëns avec l’association qui venait de se créer. J’ai loué du matériel. Il venait de neiger 30 centimètres et on est allé en poudreuse, je tombais tous les deux mètres et je me suis fumée les cuisses !».
Pas découragée l’amoureuse de la « peuf » qui goûte une seconde fois à cette discipline peu connue à l’époque. Ce jour-là elle tient sa révélation : elle aime avoir le talon libre ! Alors au lycée à Chamonix, elle skie la semaine et s’entraine avec le Samoëns Team Télémark les week-ends avec Julien Annequin* en coach de première. Elle découvre cette discipline qui mixe le ski alpin, le skating, et le cross. Première course à Praz de lys, elle gagne dans sa catégorie ; son passé de skieuse alpine l’aide, elle va plus vite que les autres en géant avec le savoir-faire des trajectoires coupées propres au géant. Une saison de coupes de France et là voilà sur sa première coupe du monde en 2011. « Je me suis pris une raclée » explique la championne.
Sa première victoire en coupe du monde
C’est LE souvenir qui lui revient de ces 10 ans de pratique ; 2018, du haut de ses 23 ans : « C’était à Pralognan. La veille j’avais fait 2e en Sprint, quelque chose de particulier s’est passé ce jour-là. Je me sentais bien, même plus que bien. Sur la Classic le lendemain, la bataille se jouait en 3 minutes (c’est long) pour être la meilleure en géant, en ski de fond et sur le saut. J’ai tout donné, je me suis arrachée. Et j’ai gagné. Mes parents, mon chéri, Julien, Albin : ils ont tous pleuré. Entendre retentir la marseillaise pour soi et en France, ça a été un grand moment. » On revit l’instant avec elle ! A noter que cette victoire a lancé la morillonaise sur sa chasse au globe de cristal, globe en Classic qu’elle décroche à la fin de l’hiver 2018. Son terrain de jeu préféré ? La neige glacée où elle peut exercer son art du carre. La kiné sait bien que la préparation physique est essentielle, couplée à une bonne hygiène de vie et à une préparation mentale. Au printemps, elle reprend les séances de musculation en salle, fractionné, endurance en course à pied ou ski-roue sur les Esserts, entrecoupées de séance de récupération à vélo dans la réserve naturelle de Sixt ou autour du Lac d’Annecy, son QG quand elle n’est pas à Morillon. « Je ne lâche pas, je ne m’avoue jamais vaincue. Pour une manche d’une minute, on dépense beaucoup d’énergie. Je suis engagée dans ce que je fais » explique-t-elle.
Une femme et championne engagée
Douce et explosive la championne, dont le sport est aujourd’hui amateur et qu’elle espère voir devenir olympique. En octobre dernier, Argeline a organisé une soirée de présentation de l’équipe de France de Télémark dans son fief pour récolter des fonds et permettre aux jeunes de l’équipe de mieux financer leur saison. Financements, recherches de matériels, préparation, journaliste pour son sport et ambassadrice du télémark… et kiné depuis 4 ans, rien ne peut l’arrêter pour arriver aux sommets. Pour se ressourcer, elle randonne ou galope dans ses montagnes jusqu’au refuge de Sales ou le long du Giffre, dans une vallée qu’elle qualifie d’ouverte, authentique et lumineuse. Sa carte postale préférée ? Le soleil qui arrive derrière le Criou le matin. Cet hiver elle nous donne rendez-vous pour des initiations au Télémark à Morillon et à Samoëns. Mais le grand rendez-vous de l’année sera la toute première coupe du monde organisée à Samoëns où notre locale de l’étape comptera parmi les favorites.
PALMARES D’ARGELINE TAN BOUQUET
35 podiums en Coupe du Monde !
Vice-championne du monde 2019 en Sprint, et deux médailles de bronze décrochées également sur ses Mondiaux, une en Parallèle et une en Team Event.
C’est également la première Française à avoir décroché un Globe de Cristal en télémark. Triple vice-championne du monde en 2017, elle s’illustre depuis ses plus jeunes années : elle est sacrée championne du monde Junior en Parallèle en 2015.
Egalement médaillée d’argent par équipe et de bronze aux Mondiaux séniors 2015, la jeune athlète représentera avec sa coéquipière Julie Bourbon le ski club de Morillon pour la saison 2019-2020.
Argeline Tan Bouquet
Propos recueillis par Laure Béchade, journaliste
Portrait réalisé par Gérard Gachignard
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*Julien est aussi le créateur du Défoul’Park à Morillon
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